2023 : une session mycologique organisée en Vanoise
La Société Mycologique et Botanique de la Région Chambérienne (SMBRC) a organisé une session d’étude de la fonge (du latin fungus : champignon) alpine en Vanoise dans le cadre de l’appel à initiatives du Parc national pour célébrer ses 60 ans. Cette session a permis de rassembler une vingtaine de mycologues venus de toute la France, et même de Belgique et du Maroc. Le groupe a profité des installations du Centre international de séjour de Val-Cenis du 3 au 8 septembre pour se loger et travailler.
Sous la conduite d’un spécialiste de la fonge alpine, Gilles Corriol, les journées se sont organisées autour d’une sortie sur le terrain jusqu’en début d’après-midi, suivie d’une séance de détermination en salle et d’études microscopiques… Souvent jusque tard dans la nuit !
Plusieurs sites ont été prospectés dans le cœur du Parc à Termignon et sur les versants mauriennais et tarins du col de l’Iseran.
Plus de quatre-vingts espèces ont déjà été identifiées. D’autres sont encore en cours d’études sur la base d’échantillons qui ont été mis en collection ; certains feront l’objet de séquençages d’ADN pour confirmer ou préciser des déterminations… De bonnes surprises ne sont pas exclues.
Et des bonnes surprises, il y en a déjà eu comme l’observation à Val-d’Isère du Lactaire du saule herbacé (Lactarius salicis-herbaceae). Ce champignon vit exclusivement en symbiose avec le saule herbacé, sous-arbrisseau caractéristique des combes à neige acidophiles. À peine une demi-douzaine d’observations de ce lactaire est enregistrée dans notre région, toutes localisées sur le massif de la Vanoise.
Cette espèce est inscrite dans la catégorie « En danger » dans la Liste rouge des champignons menacés d’Auvergne-Rhône-Alpes publiée en 2023.
2023 : la première Liste rouge des champignons de la région AURA
Rappelons qu’une Liste rouge est un document qui évalue, selon des critères normalisés par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le risque d’extinction d’une espèce sur un territoire donné.
Lors de cette évaluation, 9 008 taxons étaient recensés dans notre région. 4 023 ont été évalués dans cette première Liste rouge. Il ressort que 2 espèces sont considérées comme présumées disparues et 383 espèces menacées plus ou moins fortement de disparition. Ces dernières sont classées dans les trois catégories classiques des listes rouges : en danger critique, en danger et vulnérable. Le Parc national détient une responsabilité toute particulière pour la protection de cette fonge menacée. En effet, parmi ces espèces, environ 25 ne sont connues dans la région Auvergne-Rhône-Alpes que sur le massif de la Vanoise. Il s’agit notamment de champignons liés aux saules nains d’altitude. Ces plantes forment une véritable forêt lilliputienne, une microsylve, où les champignons sont régulièrement plus haut que les « arbres » avec lesquels ils vivent en symbiose !
Pour en savoir plus : https://www.biodiversite-auvergne-rhone-alpes.fr/documents/liste-rouge-des-champignons-menaces-dauvergne-rhone-alpes-atlas/
2023 : création d’un groupe opérationnel sur la fonge en Vanoise
Les champignons demeurent un règne moins étudié en Vanoise comparativement à la flore et la faune. La Vanoise est pourtant une terre historique incontournable dans l’étude de la mycologie alpine. Dans les années 1970 et 80, les chercheurs Robert Kühner (1903-1996) et Denise Lamoure (1928-2012) ont réalisé un extraordinaire travail de pionniers en décrivant de nombreuses espèces à partir d’observations réalisées sur le massif. Depuis cette période glorieuse, aucun programme d’inventaire de la fonge n’a jamais été mis en place en Vanoise et les agents du Parc national n’effectuaient quasiment aucune observation mycologique. Ce constat appartient désormais au passé avec la création en 2023 d’un groupe de travail composés d’agents volontaires et motivés pour initier de nouvelles études et inventaires sur les champignons de Vanoise : le Groupe Nomade d’Observations Utiles de la Fonge (GNOUF). Soulignons également l’arrivée au sein du Conseil scientifique du Parc d’un expert mycologue : Pierre-Arthur Moreau, enseignant chercheur à l’Université de Lille.
Une nouvelle ère démarre pour la mycologie en Vanoise !
(1) Association d'êtres vivants pour un bénéfice réciproque