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Étude de la marmotte dans la Réserve naturelle nationale de la Grande Sassière : résultats 2024

Faune
Le Laboratoire de biométrie et biologie évolutive (LBBE) de Lyon, en partenariat avec le Parc national de la Vanoise, étudie depuis maintenant 30 ans la marmotte des Alpes dans la Réserve naturelle nationale de la Grande Sassière. Chaque année, l'équipe, composée en moyenne de six personnes, passe deux mois, de la mi-mai à la mi-juillet, à étudier ce rongeur des montagnes : capture, biométrie, anesthésie, prélèvement et marquage, sont au programme.
marmottons
© PnV - C. Gotti
Sassière
© PnV - F. Maurer
labo
© PnV - F. Benoit

Quelles données et résultats pour la saison 2024 ?

 

À propos des captures

Les captures se sont déroulées du 16 mai au 11 juillet. 429 individus ont été capturés à l’aide de cage piège dont 210 marmottes différentes (une marmotte a même été capturée 16 fois ! Elle devait y prendre goût !). À partir de la mi-juin, ce sont surtout des marmottons qui sont capturés. L’effort de capture des marmottes par l’équipe du LBBE a été constant et élevé malgré des conditions météorologiques difficiles, avec de nombreuses journées pluvieuses pendant lesquelles les marmottes sont très peu actives et donc peu enclines à entrer dans les cages-pièges.

Parmi les individus capturés, 54,8 % étaient des mâles, confirmant le biais de sexe-ratio habituellement rapporté dans la littérature pour les populations de marmottes alpines. 37,62 % de marmottons et 16,67 % d’individus de plus d’un an dont le plus âgé avait 12 ans, ont été capturés. La moyenne d’âge était d’un an.

 

Les captures sont réalisées selon les recommandations du comité d’éthique : les protocoles et anesthésie respectent de la meilleure façon possible le bien-être animal. Notamment lors de l’anesthésie, 2 points demandent une attention toute particulière :

  • l’hypothermie, en particulier pour les marmottons, qu’il convient de limiter avec l’installation d’une couverture de survie et d’une bouillotte sous l’animal et la prise régulière de la température corporelle
  • l’hypoventilation, avec l’apparition d’apnée plus ou moins prolongées. Pour palier ce phénomène, la dose d’anesthésiant est régulée en permanence

 

À propos de la reproduction

La reproduction est dans la moyenne de ces dernières années, avec une date de sortie du terrier moyenne au 26 juin, allant du 19 juin au 12 juillet. La taille de portée moyenne pour cette année est de 4 marmottons. Avec un maximum de 6, relativement éloignés du maximum biologique de 8 marmottons.

La masse corporelle est une variable biologique fondamentale chez les mammifères. La masse corporelle détermine en grande partie la taille atteinte une fois à l’âge adulte et aussi de nombreux traits d’histoire de vie tels que l’âge de première reproduction, la survie ou encore le succès reproducteur. En 2024, la masse corporelle moyenne des marmottons était de 347 g, soit à peine plus qu’en 2023. Cette valeur se situe dans les 25 % les plus faibles jamais observées. Malgré le petit sursis de 2022, il n’y a donc pas de tendance à l’amélioration dans la qualité des naissances 2024, au mieux une stabilisation de la masse corporelle des marmottons. Il est à craindre que leur survie reste relativement faible et ne puisse donc contribuer à augmenter le taux d’accroissement de la population.

 

L'impact du changement climatique sur les naissances

Plus largement les statistiques tenues depuis les années 1990 révèlent non seulement des portées moins nombreuses et des chances de survie des nouveau-nés en baisse. Cela s’explique, en partie, par une couverture neigeuse moins épaisse. L’isolation du terrier est moins efficace. Ces résultats sont imputables aux changements climatiques, la montagne s’est réchauffée deux fois plus vite que le reste du globe ces dernières années, avec des températures annuelles moyennes d’environ deux degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels.

Cela n'augure rien de bon pour un animal adapté au froid. « La santé des marmottes représente la santé des Alpes », affirme Christophe Bonenfant, qui dirige le projet de recherche depuis 2019. Si les marmottes se portent mal, les Alpes ne se portent pas bien non plus, à l’image de l’évolution des glaciers. Il faut tout mettre en œuvre, chacun à son niveau, pour minimiser le changement climatique.