L’aigle avait été trouvé au sol, au mois de juin, à Sainte-Foy-Tarentaise. Sérieusement blessé, il avait été récupéré par le Parc national de la Vanoise et remis au centre de sauvegarde de la faune sauvage, le Tichodrome (38). Objet de soins constants durant 4 mois, il a pu être soigné et relâché hier sur le site où il avait été découvert.
Lorsque cet aigle royal adulte a été trouvé par un résident, près d’une piste, au Planay, à Sainte-Foy-Tarentaise, il était probablement au sol depuis plusieurs jours, incapable de voler et bien mal en point. Il présentait des plaies importantes, et de nombreuses plumes étaient manquantes ou cassées : des rémiges, indispensables pour voler et planer, et des rectrices, plumes de la queue servant de gouvernail. Ces blessures pourraient avoir été causées lors d’une lutte avec un autre aigle, dans une compétition territoriale, mais sans certitude.
La personne qui a découvert l’oiseau en détresse a veillé sur lui jusqu’à sa prise en charge par les personnels du Parc national de la Vanoise pour être acheminé au centre de sauvegarde de la faune sauvage, Le Tichodrome, en Isère.
Sous l’œil attentif et expérimenté des soigneuses du centre, l’oiseau a pu bénéficier pendant tout son séjour de soins adaptés à l’évolution de son état et de ses capacités. À son arrivée, il a tout d’abord été réhydraté et mis à l’isolement pour limiter le stress lié à sa capture. Ses blessures ont nécessité l’intervention sous anesthésie générale d’un des vétérinaires partenaires du Tichodrome.
La captivité nécessaire à sa convalescence l’a tout d’abord perturbé au point qu’il a refusé la nourriture proposée ; il lui a fallu plusieurs jours pour accepter de manger les proies (mortes) d’élevage. Avec le soutien de la Fédération départementale des chasseurs de Savoie, de la viande de gibier a pu lui être proposée pour varier la source de protéines indispensables à sa reconstruction musculaire. Il est ainsi passé d’un poids de 3,5 kg à son arrivée au centre à un poids de 4,3 kg à sa sortie. Ce poids laisse penser qu’il s’agit probablement d’un mâle.
Durant ces mois de convalescence, l’oiseau a aussi pu renouveler une grande partie de son plumage pourtant initialement bien abîmé. Afin de préparer progressivement l’aigle à son futur envol, celui-ci est passé par des volières de plus en plus grandes.
Baptisé Plumas, l’aigle a donc pu être relâché ce mercredi 7 octobre sur son territoire de découverte. Sur ce site qu’il connaît, il pourra rapidement reprendre ses repères et, nous l’espérons, retrouver son autonomie alimentaire - les marmottes n’hibernant pas encore, elles constitueront une manne nutritive de choix pour la constitution de réserves avant l’hiver.
Afin de permettre son suivi sur le moyen terme et d’assurer une éventuelle assistance, l’aigle a été équipé d’une balise satellitaire GPS, grâce à la collaboration de Christian Itty et Arzhela Hemery (habilités par le Muséum national d’histoire naturelle, et membres de l’association Becot), qui ont bien voulu mettre à disposition leur matériel et leur savoir-faire.
Et pour un suivi de l’oiseau tout au long de sa vie (et au-delà de la durée de vie de la balise GPS), des bagues avec un code alphanumérique et couleur ont également été posées sur ses tarses afin de permettre une identification visuelle à longue distance.
Ce 7 octobre à 16h50, l’oiseau est très rapidement sorti de sa cage de transport, a déployé ses ailes et s’est immédiatement envolé pour retrouver sa liberté. Tous les partenaires se sont réjouis de cet épilogue et de la réussite de ce sauvetage dont l’issue était très incertaine en juin dernier. Souhaitons une longue vie à cet aigle, représentant d’une espèce emblématique des Alpes, et qui peut vivre jusqu’à près de 25 ans.