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Même les glaciers ont leurs vedettes et le glacier de Gébroulaz en est une ! Il fait partie des 5 glaciers français suivis dans le cadre du programme national Glacioclim/Alpes selon un protocole international, ce qui lui vaut de figurer à l’observatoire mondial des glaciers, le WGMS (World glacier monitoring service). Il fait partie aussi de la base de données de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC).

 

S’il n’est pas le plus grand glacier de Vanoise, le glacier de Gébroulaz fait tout de même partie des géants. Il s’écoule en face nord de l’aiguille de Polset, à 3531 m, jusqu’à son front vers 2600 m, couvre une surface d’environ 3 km2 et s’étend sur près de 4 km de long.

 

Un glacier étudié depuis des décennies

Ses lettres de noblesse, il les doit à la somme de connaissances scientifiques qu’il a permis d’accumuler depuis près de deux siècles.

Sur la carte d’État-major de 1830, le front du glacier est à l’altitude d’environ 2300 m… Aujourd’hui, il faut aller le chercher près de 300 mètres plus haut, en altitude ! Ce recul peut sembler relativement faible, mais témoigne d’une perte d’épaisseur très importante que seules des mesures plus complètes peuvent caractériser.

À partir de 1907, le service des Eaux et forêts a effectué chaque année la mesure de la position du front mais également celle des variations d’épaisseur et de la vitesse d’écoulement en surface sur deux profils transversaux de la langue inférieure du glacier (à 2600 et 2700 m d’altitude). Du fait du recul du glacier, les repères du profil inférieur sont désormais d’ailleurs hors glace et donc sur la moraine…

En 1983, le Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (LGGE) de Grenoble a repris ce suivi et depuis 2003 les relevés de terrain bénéficient de l’appui logistique et financier du Parc national de la Vanoise.

Schéma d'un glacier

 

Un suivi au long cours pour comprendre son évolution

Ce ne sont pas moins de quatre campagnes de terrain annuelles, au printemps, en été et à l’automne, qui sont nécessaires pour recueillir l’ensemble des données indispensables à l’élaboration des calculs nécessaires au suivi du glacier. Aidée par les agents du Parc, l’équipe de Delphine Six et Christian Vincent, glaciologues au LGGE réalise le suivi des balises placées sur le glacier, effectue des carottages, relève des modèles 3D du glacier par photogrammétrie ou laserscan… 

Chaque campagne de mesure apporte son lot d’informations, mais seul un suivi sur le long terme peut permettre de comprendre comment le glacier répond aux changements climatiques parce que les bilans de masse annuels (globalement, la somme des précipitations solides et de la fonte) montrent une très forte variabilité temporelle.

Ainsi, les mesures du bilan de masse de l’année hydrologique 2015-2016 montrent que le glacier a perdu une épaisseur de 0,46 m de glace en moyenne sur toute sa surface. L’année précédente, en 2014-2015, cette valeur atteignait 2,31 m, un record pour les trente dernières années, tandis que pour l’année 2013-2014 par exemple le bilan n’était « que » de 0,30 m.

 

Ce que l'analyse des mesures peut nous dire à ce jour

Christian Vincent évoque l’histoire de ce glacier, qu’il ausculte chaque année :

« Deux périodes de fortes décroissances caractérisent le 20e siècle et le début du 21e siècle, entrecoupées d'une période d'avancée glaciaire :

  • 1942-1953, période caractérisée par une forte décrue glaciaire qui est la conséquence d’hivers peu enneigés et d’une importante fusion estivale ;
  • Entre 1954 et 1981, c'est une période d'avancée de la plupart des glaciers alpins, clairement liée aux faibles valeurs d’ablation estivale ;
  • Enfin de 1982 à 2016, à nouveau une forte décrue glaciaire avec cette fois une augmentation significative de la fusion estivale alors que l’accumulation hivernale reste assez stable.»

Les reconstitutions et restitutions photogrammétriques du 20e siècle confirment des bilans de masse fortement négatifs depuis le milieu des années 1980 avec une accélération sensible de cette perte depuis 2003.

 

diagramme d'évolution du glacier de Gébroulaz

Le glacier de Gébroulaz connaît une évolution qui caractérise l'ensemble des glaciers alpins. Le LGGE étudie 5 glaciers dans les Alpes dont celui de Gébroulaz, leurs suivis sur le long terme constituent donc une référence primordiale... ne vous étonnez donc pas de rencontrer au cœur de ce paysage grandiose ces chercheurs de terrain en pleine auscultation du géant.

Interview de Christian VINCENT

Christian Vincent

 

 

 

 

Christian VINCENT, glaciologue au Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (LGGE) de Grenoble, répond à nos questions le 29 novembre 2016 :

 

  • Historique des suivis scientifiques effectués sur le glacier de Gébroulaz
Soundcloud
  • Résultats des études sur les glaciers, dont celui de Gébroulaz
Soundcloud
  • Résultats récents du suivi du glacier de Gébroulaz et perspectives d'évolution
 

Source URL: https://vanoise-parcnational.fr/actualites/le-glacier-de-gebroulaz-les-chercheurs-continuent-percer-ses-secrets