Le séminaire « Parcs en fête » organisé à Grenoble, ce 19 décembre, par la Zone Atelier Alpes (réseau de recherches), en collaboration avec les Parcs nationaux des Écrins et de la Vanoise, et en partenariat avec l’Office français de la biodiversité et le Parc national du Mercantour, a permis de faire le point sur 60 ans de recherche et de travaux scientifiques dans les parcs nationaux alpins. C’était le dernier temps fort de cette année anniversaire des 60 ans pour la Vanoise et 50 ans pour les Écrins.
Cette rencontre a réuni près de 70 participants, avec une mobilisation forte de la recherche académique : près de 40 chercheurs et enseignants-chercheurs, 8 laboratoires de recherche (LESSEM, LECA, PACTE, EDYTEM…) et 5 universités (Université Grenoble Alpes, Université Savoie Mont-Blanc, Université de Montpellier, Université Claude Bernard Lyon 1 et Université de Bourgogne Franche-Comté). Participaient également des agents des parcs nationaux des Écrins et de la Vanoise, des membres de leurs conseil scientifique et conseil d’administration respectifs et des acteurs des territoires alpins (Conservatoire botanique national alpin, Asters…).
La dimension scientifique est inhérente aux Parcs nationaux, depuis leur création (loi de 1960), et la science dans les parcs reste une activité éminemment collective, avec une place de plus en plus importante pour la co-construction des programmes de recherche. Durant ce séminaire, quatre tables-rondes ont permis d’aborder : les acteurs, les conseils scientifiques des parcs, les objets d’intérêt et méthodes d’étude dans les parcs nationaux alpins et enfin les lieux de la recherche.
Les échanges ont fait ressortir l’importance de l’apport des parcs nationaux pour la science face aux défis actuels, que ce soit par les données de qualité et la connaissance qu’ils produisent ou pour leur fonction de « laboratoire à ciel ouvert » et de terrain privilégié pour la recherche, notamment pour les jeunes étudiants-chercheurs. Les Parcs nationaux constituent également des modèles d’étude, pour la « mathématisation » de la gestion de la nature (monitoring, biostatistiques…) et leurs équipes n’ont cessé de monter en compétence sur ces sujets.
Les participants ont questionné la façon dont les Parcs pouvaient mettre davantage en cohérence et en réseau leurs programmes et protocoles scientifiques (stratégie scientifique inter-parcs, programmes Sentinelles, réseau des aires protégées…), en complémentarité avec les travaux des chercheurs, tout en tenant compte des attentes des acteurs des territoires.
Les plateformes et bases de données partagées ont un rôle important à jouer, tout comme une meilleure diffusion des résultats, notamment lors d’évènements et rencontres. La stratégie nationale de la Biodiversité 2030 contribuera également à la mise en cohérence des travaux des aires protégées. Les politiques budgétaires (programmes européens, mécénat) restent essentielles dans la structuration des réseaux
Un Parc national représente un socioécosystème, unique et complexe, dont la compréhension et la préservation nécessitent de croiser les regards. Les chercheurs s’accordent sur l’intérêt de décloisonner leurs travaux, de favoriser la transdisciplinarité, en rapprochant notamment sciences de la vie et sciences humaines et sociales.
L’accompagnement par les chercheurs des équipes des Parcs nationaux et de l’Office français de la biodiversité est essentiel. Des interactions accrues entre chercheurs et agents pourront contribuer au développement d’une culture commune et faire que les parcs nationaux, devenus des lieux de rencontre, favorisent la convergence des résultats et expertises.
Un des maillons de leur activité scientifique, et spécificité des parcs nationaux français, sont les conseils scientifiques. Ayant vocation à orienter la mission de connaissance des parcs, ils rendent aussi des avis sur des actions ou aménagements en zone protégée. Non pas en « pour ou contre », mais plutôt en présentant les enjeux, les positions et les conséquences. Leur utilité est reconnue de tous et la décision des établissements des parcs s’appuie beaucoup sur ces avis. L'amplification des échanges entre les membres des conseils scientifiques et les élus et acteurs du territoire permettra de mieux appréhender les enjeux et contraintes des vallées mais aussi de partager les enjeux globaux et les dernières connaissances scientifiques pour éclairer au mieux les décisions de chacun.
Plus largement, alors que le changement climatique s’accélère, les décideurs ont de plus en plus besoin des scientifiques pour leur donner des perspectives, montrer les conséquences probables de leurs choix. Pérennes dans un monde mouvant, les espaces protégés offrent un recul précieux et détiennent un rôle important dans la prise de conscience environnementale. Inversement, il importe ne pas s’abriter derrière le temps long alors que le politique a besoin d’un éclairage scientifique maintenant ; ce qui suppose d’accepter différemment les marges d’incertitude.
Cette journée très riche s’est conclue sur le souhait unanime d’organiser une nouvelle rencontre entre chercheurs et aires protégées, dans le prolongement des 3èmes rencontres nationales chercheurs – gestionnaires d’espaces naturels protégés qui s’étaient tenues à Annecy, en 2019.