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Suivi estival étagnes marquées : un bilan 2025 riche d'enseignements

Faune
cabri
Cabri de bouquetin des Alpes. PNV - C. Tardivet
etagnes
Étagnes et cabris. PNV - P. Gombault
Etagnes
Étagnes marquées. PNV - V. Seve
La préservation du bouquetin en Vanoise repose sur une connaissance fine de sa dynamique de population. Depuis le printemps 2024, un programme ambitieux vise à mieux comprendre la périnatalité (Évènements autour de la naissance) de cette espèce emblématique, en analysant les paramètres de reproduction dont la survie des cabris et les dates de mise bas. 

Le suivi estival de 2025 constitue le deuxième été d’observation intensive au sein de ce dispositif scientifique.

 

Un échantillon exceptionnel de femelles suivies 

L’été 2025 a permis de travailler sur un échantillon d’une taille sans précédent. Grace à la capture de 25 femelles ce printemps, un effectif de 64 femelles équipées d’un marquage visuel et/ou VHF et/ou GPS est disponible pour le suivi. 

Parmi elles, quatre n’ont pas été revues durant la saison, probablement mortes, tandis qu’une cinquième – âgée de seulement deux ans – n’a pas encore intégré le cycle reproducteur. 

 

Des outils de suivi à la pointe 

Au sein de cet échantillon : 

  • 19 étaient équipées d’un collier GPS associé à une fonction VHF. Pour rappel, le collier GPS, équipé d’un accéléromètre permet de détecter à distance la mise bas, grâce à la prise en compte de plusieurs critères comme le temps de résidence dans un périmètre restreint, la fréquentation des pentes supérieure à 45° et le piétinement.

  • 12 sont équipées seulement d’un collier VHF, avec indicateur de mortalité. A l’aide d’une antenne, il sera plus facile de localiser l’animal équipé de ce collier. 

  • Le reste des femelles est équipé de marques visuelles (collier à fanions et/ou boucles auriculaires). 

L’effectif de femelles pourvues d’un collier GPS ne permet pas actuellement de fournir un nombre de données suffisant pour évaluer de façon fiable les différents paramètres de la reproduction. Il est donc très important de suivre l’ensemble des femelles. 

Pour en savoir plus sur les captures, marquages, recaptures : 

https://www.vanoise-parcnational.fr/fr/des-actions/gerer-et-proteger-les-patrimoines/la-faune/capture-marquage-et-recapture-cmr 

 

Quels résultats pour la périnatalité en 2025 ? 

1 - Reproduction : un taux encourageant, mais en légère baisse 

Grâce à plus de 720 observations réalisées durant trois mois, l’échantillon de femelles capturées et suivies grâce à un marquage visuel et/ou VHF et/ou GPS a permis de détecter 34 mises bas, soit un taux de reproduction de 57 %

Ce pourcentage correspond aux analyses de gestation effectuées sur les femelles capturées au printemps : sur 25 femelles de l’échantillon, 60 % étaient gestantes

Cependant, un fait marquant apparaît : chez les femelles de trois ans, seule une naissance a été observée, alors que l’âge d’entrée en reproduction était jusqu’ici fixé à trois ans. Cette évolution, associée à la légère baisse du taux global, pourrait traduire l’influence d’étés plus secs.

 

2 - Survie des cabris : des pertes précoces 

Il est encore trop tôt pour estimer précisément la survie des jeunes, mais les premières observations montrent que quatre cabris de l’échantillon ont été perdus prématurément : deux issus de femelles équipées de GPS et deux autres suivis visuellement. 

 

3 - Phénologie* de la reproduction : des naissances plus précoces en 2025 

Après deux années de suivi, la chronologie des mises bas se dessine : 

  • La majorité a lieu en juin, avec plus de la moitié entre le 1er et le 15.
  • Aucune naissance tardive n’a été constatée en 2025, contrairement à 2024.
  • Les naissances semblent plus précoces cette année.

* La phénologie est l'étude de l'apparition d'événements périodiques (annuels le plus souvent) dans le monde vivant, déterminée par les variations saisonnières du climat. 

 

4 - Variabilité des dates de mise bas 

L’étude s’intéresse également à la régularité interannuelle des mises bas chez un même individu. Potentiellement les femelles peuvent mettre bas tous les ans (gestation : 170 jours). 

Contrairement au chevreuil, chez lequel une chevrette met bas à quelques jours près chaque année, les données collectées auprès de l’échantillon montrent des écarts notables d’une année à l’autre. Certaines dates sont proches, d’autres beaucoup plus dispersées. Il faudra poursuivre le suivi plusieurs saisons pour préciser ce phénomène.

Ce qu’il faut retenir 

Les premiers résultats obtenus auprès de cet échantillon de femelles capturées et suivies grâce à un marquage visuel et/ou VHF et/ou GPS témoignent du niveau d’expertise et de rigueur mis en œuvre pour comprendre la reproduction du bouquetin en Vanoise. 

La combinaison d’outils technologiques et d’observations de terrain offre déjà des enseignements précieux sur :

  •  Le taux de reproduction 

  • La survie précoce des cabris 

  • La phénologie des naissances 

  • Variabilité des dates de mise bas

Autant d’éléments indispensables pour adapter les stratégies de conservation et assurer la pérennité de cette espèce emblématique des Alpes face au réchauffement climatique et aux pressions anthropiques croissantes.